Press.e
2014
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- http://articule.org/en/projects/legacy
- http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/programs/daybreak/performance-art-and-parties-at-the-qouleur-festival-1.2722447
- https://musicofqouleur.bandcamp.com/releases
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2013
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- http://rabble.ca/whatsup/qouleur-qollective
- http://www.forgetthebox.net/qouleur-2qtpoc-festival-montreal/
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2013
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16 août 2013, au Belgo. Je me perds dans le grand building avant d’arriver enfin dans une pièce aux murs blancs, ni trop grande ni petite. Les quelques personnes déjà arrivées ont toutes des coupes de cheveux pas mal plus flyées que la mienne.
Je suis arrivée au vernissage de Qouleur, qui se veut une exposition d’art contemporain avec des artistes s’identifiant comme « racisé.e.s, bi-spirituel.le.s, queer ou trans, explorant ainsi l’importance individuelle, culturelle et politique des cheveux d’un point de vue queer et/ou racialisé ». Jenny Lin, l’une des organisatrices de l’événement, dit que l’idée d’utiliser le cheveu (ou pourrait aussi dire toute la pilosité du corps humain) comme thème central est parti de la volonté de trouver d’autres manières intéressantes d’utiliser le cheveu comme métaphore. « Quand j’y pense, les cheveux est un concept assez superficiel, explique-t-elle, mais ils peuvent aussi être des représentations politiques et de pouvoir ». Le mantra de Qouleur est d’ailleurs que les cheveux peuvent être une réaction aux positions dominantes.
Cette première exposition marquant le début des festivités dans les locaux de Rats 9 s’est avéré être un franc succès. La foule qui s’y est pressée se distinguait surtout par sa variété d’âge et d’identités de genre, par la multitude d’origines ethniques et surtout à travers une diversité de coupes de cheveux assez incroyable. Ils étaient tout de même plus d’une centaine à être venus admirer la dizaine d’œuvres multimédias.
L’une des premières œuvres, pratiquement à l’entrée du studio, apparaît presque comme un rideau de plastique. C’est un peu plus poétique que ça ; il s’agit en fait de 100 gold hair, de la reconnue artiste multidisciplinaire Nathalie Lemoine, ou kimura byol, dont l’art activiste parle beaucoup d’immigration, de diaspora, d’identités et de déplacements forcés. « Pour avoir les mêmes droits que les hétéros [et, j'imagine, les mêmes droits que les plus privilégiés], ça ne passe pas que par les manifs, mais aussi par l’art » m’a-t-elle d’ailleurs déclaré. L’œuvre exposée lors du vernissage de Qouleur est en fait tirée d’une vidéo qu’elle a réalisée en 2011. Elle a utilisé 100 papiers dorés de prière bouddhiste sur lesquels sont imprimés autant de clichés la représentant en train de se raser la tête. À travers les pochettes transparentes qui symbolisent la commercialisation du corps, le changement de tête est subtil. La créatrice a fait exprès de rendre les photos noir et blanc et de se tenir tête penchée, afin de ne montrer ni son genre, ni son origine ethnique.
Sur le mur d’en face, deux imprimés, presque fluos, font de loin penser à un mandala en forme d’étoile et à un drôle de paysage. De plus près, l’illusion optique est dévoilée ; en fait, il s’agit de vulves qui se touchent. Leurs poils pubiens bleus et mauves, qui font penser à des spaghettis ou à du fil barbelé (c’est selon les goûts j’imagine) sont noués entre eux, formant des semblants d’étoiles.
Momoko Allard décrit son style comme étant à la fois « subtil, psychédélique et minimaliste ». Sa démarche de création a été motivée par son désir de former un nouveau visuel de l’anatomie féminine. « La pilosité pubienne est souvent absente des représentations de l’anatomie de la femme. Je voulais utiliser l’image des poils pubiens car ils n’entrent pas dans un concept hétéronormatif. »
Here over there, de Nyx Zierhut et Yvette Choy, présente une vidéo de deux femmes qui jouent avec leurs cheveux, leurs poils et leurs corps. On devine une nudité partielle pendant qu’elles se caressent le dos ou la clavicule, mais ce n’est pas cela qui rend le vidéo sensuel ; c’est davantage la manière qu’elles ont de caresser, raser, tirer légèrement leurs cheveux et leurs poils. Comme si elles rendaient hommage pas juste à leur corps, mais à la beauté féminine dans toute sa pilosité, des aisselles au pubis.
Un autre court métrage était présenté au centre de la pièce. Dans Something dangerous, de Zavé Martohardjono, on voit l’artiste new-yorkais se brosser les dents, se laver le visage, mais surtout, se raser une bonne partie du ciboulot, pour finir avec une coupe de cheveux ressemblant à celle de certains sumos. Rien de bien dangereux jusque là. Mais les rituels sont ponctués de messages portant sur le danger d’exposer son intimité comme il le fait, dans cette vidéo très directe et personnelle, à l’opposé de ce qu’il produit habituellement.
Pour lui, et pour tous les artistes que j’ai rencontrés, les cheveux sont surtout un important marqueur d’identité. « Les gens réagissent parfois très fortement lorsqu’ils voient une femme avec de beaux cheveux longs se les couper ou se les raser », fait-il remarquer. « Mais l’ironie, c’est que les cheveux repoussent ! »
Ça m’a presque donné envie d’aller chez le coiffeur et de demander une coupe un peu plus flyée que mon habituel long dégradé. Les regards se portant sur les cheveux et la pilosité ont bien sûr évolué, mais les différentes avenues – artistiques et autres – restent intéressantes à explorer.
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auteur | author :: cleodalie
Étudiante, un peu journaliste sur les bords, écrivaine occasionnelle de ses pensées et d’histoires folles, CleoDalie occupe l’autre partie de son temps libre à bigarrer des toiles de peinture, à essayer de faire du yoga, à dormir peu et à rêver de dormir plus. // A student, sometimes a journalist, occasionally a writer of her thoughts and of other crazy stories, CleoDalie spends the rest of her free time dripping paint on canvas, trying to do yoga, sleeping too little and dreaming to sleep more.
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2012
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